Les Générations futures comme objet politique
Par : Maurice Satineau
Release date: Apr 2024
Publibook (Paris)
Nombre de pages: 65
ISBN: 9782342372779
En introduction, nous rappellerons tout d’abord que la génération future est nommée, liée et mesurée. En partant de quelques mots et quelques chiffres, ce texte propose une première exploration pour envisager un devenir et des représentations concernant sa dimension politique. Quitter l’horizon de la descendance possible pour envisager un avenir plus lointain constitue à la fois une rupture du sens commun populaire et une rupture épistémologique nécessaire. Se demander de qui parle-t-on renvoie aux difficultés de l’approche.
Dans le très long terme, la question politique de la génération future que nous nommerons (G+n) demeure posée, tout en sortant des mécanismes habituels décrits par la sociologie politique. Une telle collectivité comporte néanmoins des axes culturels, temporels et sociaux, elle est à la fois le prolongement d’un nous concret et actuel et porteuse d’une différence indéterminée. Cette projection est toujours forte car le futur est consubstantiel au projet politique. Ce besoin sociopolitique de génération future est repérable dans de multiples régimes très différents, qu’ils soient autocratiques, démocratiques, royaux, fédéraux, théocratiques.
Les débats ne sont pas clos au sujet des institutions et des acteurs qui se déclarent aptes à analyser, voire à représenter, les intérêts des populations à venir. Dans cet effort de projection, celles-ci constituent un véritable enjeu politique au présent. La notion contemporaine de citoyenneté renvoie aussi à l’individu qui sera lui-même constitutif des cohortes de l’avenir. Non définie ultérieurement avec précision, cette citoyenneté fournit déjà un ciment pour une dimension sociale ultérieure. La génération future entre aussi dans le champ politique par la porte de la gouvernance. La mise en agenda de l’avenir dans les politiques publiques se fait au présent. Toutefois, l’adage déjà largement débattu « gouverner c’est prévoir » perd de sa force au fur et à mesure que l’horizon temporel des communautés humaines s’éloigne. Une sorte de ligne de fuite sociopolitique se met alors en place, dans un exercice toujours renouvelé.